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La Louve et le Héron

De plumes et de poils, de jour ou de nuit,

voici le conte de La louve et du héron.

 

 L'histoire commence un après-midi d’automne où il faisait bon rester sous la clémence des rayons de Monsieur Soleil. A l'ombre l’on sentait venir le froid de l'hiver qui pointait le bout de son nez alors qu'Oscar, le grand sage, descendait de ses cimes pour préparer comme à son habitude ses provisions d’hiver au village.

 L histoire qu’il allait vivre était tout simplement incroyable. 

 Le temps que l'épicier prépare sa commande, Oscar alla profiter des rayons du soleil au prêt de la fontaine au saule, pour y jouer un air de clarinette qui se mêlait aux doux clapotis de l'eau. Ce jour là, sur la place du village se trouvait Lili, une jeune fille dévorante de vie et pleine de fougue. Lili avait un rêve, celui d'être danseuse, mais son énergie féroce lui faisait souvent défaut.

 Particulièrement pour rentrer dans le cœur de ballet, où elle rêvait d'avoir sa place. Alors en attendant elle dansait, partout où elle pouvait, dès qu'elle entendait un air, un rythme la traversait, elle dansait.
Il y avait aussi Monsieur Coq et Madame Colette son épouse, qui attendaient leur fils Hector, pour, d'après ce que j'en avais compris, lui annoncer une nouvelle qui n’allait pas lui plaire.

Hector était la douceur incarnée, élégant, doux mais aussi extrêmement timide. On avait souvent l'impression que sa taille le dérangeait, un peu maladroit avec ses grandes jambes. C'était un grand voyageur, des voyages de plusieurs milliers de kilomètres disait-on, dès que le froid arrivait il partait pour les pays chauds. Je ne sais pas si la nouvelle allait le faire rester cet hiver.
Je l'entre aperçus au fond de la place trépigner et faire les cent pas comme si il savait ce qui lui attendait.
Observant cette scène avec beaucoup de recul et une semi attention, je me mis a jouer un petit air de musique.

De son oreille fine, Lili entendit les premières notes et ne pût s’empêcher de commencer à dandiner et à sortir de sa tanière pour profiter du grand jour et se mit à danser.
Elle enivrait la place de sa grâce féline et de son énergie  féroce, avec son regard de velours, elle brillait.

Pendant ce temps là, Madame Colette et son mari continuaient à jacasser et n'étaient visiblement pas d'accord avec cette histoire de mariage.

Le son de ma clarinette et l'audace de Lili sortirent Hector de sa spirale infernale et comme hypnotisé il finit par sortir de son ombre.

Tel un échassier fendant le vent à grands pas, il traversa la place pour venir me rejoindre et, venu se placer juste derrière moi à demie caché par le saule mais pas assez pour continuer à observer cette louve dansante. 

- "Qui est-ce?, me murmura t'il.

- Lili la louve, lui répondit-je 

- Qu’elle est belle et qu'est-ce qu'elle danse bien, on dirait qu'elle vole est qu'elle se joue de l'air et du temps !

- Oui, c'est une fabuleuse danseuse, mais hélas Mme Lune la directrice de ballet ne l'accepte pas dans son académie, car l'énergie de Lili fait peur à ses camarades. 

- Peur ?! Si seulement j'avais assez de force dans mes ailes, je saurais où l'emmener pour danser avec les étoiles."

Hector n'eut pas le temps de finir sa phrase que l'on entendit hurler à pleins poumons Madame Colette.

- "Hector, Hector !!! Viens mon fils, nous avons une extraordinaire nouvelle à t'annoncer."

Ce hurlement arrêta toute la place et me fît arrêter de jouer de mon instrument. Lili en profita pour me rejoindre. Elle non plus ne pût s'empêcher de me demander qui était ce grand échassier maigrelet et un peu empoté.

- "C'est Hector, lui répondis-je.

- Il est charmant mais un peu grand, mais il a l'air doux et pas comme les autres.

- Oui Lili c'est un jeune homme au grand cœur et un grand voyageur qui aime la découverte des grands espaces et qui n'a point peur de la rencontre. Mais je crois hélas que ce que vont lui annoncer ses parents vas pas lui plaire.

- Hector, mon fils, nous avons une merveilleuse nouvelle à t'annoncer: c'est décidé nous allons te marier

- Me marier ?!

- Oui, te marier ! A Mademoiselle Célestine, la fille de Madame Lune.

- Mais Mère, je ne connais même pas cette demoiselle et de plus je crois que mon cœur vient d'être dévoré par une rencontre que je n'attendais pas."

En entendant cela Lili vit rouge car les yeux du coup de foudre ne trompent pas elle aussi avait succombé à cette rencontre. Elle bondit d'un saut, traversa la place et s'enfuit dans la forêt.

- "Ne t'en va pas !!!, cria Hector 

- Maman, je ne peux épouser Mademoiselle Célestine, mon cœur me guide ailleurs !"

Il tourna les talons et d'un battement d'ailes s’envola, à la poursuite de Lili. A ce moment là Mme Lune fit son apparition. 

- "Mais que se passe t'il ici et quel vacarme,  je n'entends même plus les battements de jambes de mes petites académiciennes.

- Hoooo Mme Lune je suis désolé, mille fois désolé ...

 - Allons, dites-moi ...

- Voilà mon fils ne veut point épouser votre fille.

- Et pourquoi donc ?

- Je crois qu'il est tombé amoureux de Lili, Madame Lune.

- Ha bon ??? Un oiseaux et une louve ? Quelle drôle d'idée ! Mais qu'il en soit ainsi, vous savez Mme Collette, nous ne pouvons empêcher l'amour. Je m'en vais de ce pas leur donner ma bénédiction."

Et d’un coup d'un seul, la Lune disparût. 

Pendant ce temps Lili courait à travers les bois, Hector peu à l'aise à la course la suivait dans les airs jusqu'à ce qu'elle arrive à l’orée des bois de Brume, où il pût se poser devant elle et la stopper.

- "Ne t'enfuis pas Lili, mon cœur a vacillé au premier regard posé sur toi.

- Mais ta mère veut te marier à Mademoiselle Célestine et en plus, toi tu voles et pas moi, mais tu n'as pas peur de moi je suis une louve et toi un héron. 

- Non Lili, je n'ai pas peur, je te sens aussi douce que ton poil et peu importe si demain je ne vole plus, mon cœur volera d'être tous les jours à tes cotés et pour ce qu'il en est de ce mariage ... on en a que faire ... enfuyons nous Lili et allons danser tout les deux aux cimes des montagnes, toute la forêt sera ton public et mes ailes ton décors.

A ce moment-là, Madame Lune fît son apparition. Elle se mît a briller au plus fort et scintiller pour éclairer cet amour naissant, comme une approbation. Lili s'avança vers Hector qui l'enlaça de ses ailes. D’un regard tendre levé vers le ciel, elle reçût le premier flocon de l’hiver et de tous les hivers suivant. Hector resta car il avait trouvé mieux que tous ces pays chauds, il avait trouvé l'amour.

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